- débouler
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• 1793 « déguerpir »; de dé- et boule1 ♦ Tomber en roulant sur soi. La voiture a déboulé dans le ravin. « Les ordures déboulèrent de la boîte métallique et churent en trombe dans la poubelle » (Queneau).2 ♦ Fam. Descendre précipitamment. Débouler du premier étage. — Trans. Débouler l'escalier. ⇒ dégringoler, dévaler.♢ Arriver brusquement. Il a déboulé chez eux sans prévenir. ⇒ débarquer.3 ♦ Chasse Fuir à toute allure après avoir surgi à l'improviste. Ce lièvre a déboulé devant moi. ⇒ déguerpir.Synonymes :- dégringoler (familier)- dévalerdéboulerv. intr.d1./d Fam. Rouler comme une boule de haut en bas.— Par ext. Descendre très vite. Débouler du haut de la rue sans s'arrêter.— v. tr. Il déboula les deux étages.d2./d VEN Fuir précipitamment et à l'improviste devant le chasseur.⇒DÉBOULER, verbe intrans.A.— Familier1. Tomber rapidement le long d'une pente en roulant comme une boule. Je signifie montagne pour toi (...) qui as déboulé dans ses précipices (SAINT-EXUPÉRY, Citad., 1944, p. 612).— Emploi factitif. Faire débouler qqn ou qqc. Et tous deux, lentement, descendirent le terri, en tâchant de ne pas faire débouler les roches (ZOLA, Germinal, 1885, p. 1494).2. P. ext. Descendre rapidement. Débouler de l'escalier, et p. ell., débouler l'escalier (Ac. 1932). Les ordures déboulèrent de la boîte métallique et churent en trombe dans la poubelle (QUENEAU, Loin Rueil, 1944, p. 9).• — Oui, dit le curé, ces deux mauvais drôles, avec trois autres de la même espèce, sont venus m'attaquer (...); ils ont déboulé sur moi des deux côtés avec des hachettes et des couteaux, ...ERCKMANN-CHATRIAN, Histoire d'un paysan, t. 1, 1870, p. 470.B.— CHASSE. [Le suj. désigne un lièvre ou un lapin] Partir rapidement et à l'improviste de son gîte devant un chasseur. Un premier lièvre, classiquement jailli du talus, déboula, cherchant à gagner l'abri d'une rangée de choux (H. BAZIN, Vipère, 1948, p. 65).♦ Inf. substantivé. Au débouler. Tuer un lapin au débouler. ,,Au moment où il sort de son terrier et où il se détend en prenant sa course`` (Ac. 1932).— P. ext. Le chat déboule enfin et file le long de la haie, de l'autre côté (RENARD, Journal, 1905, p. 994).Rem. On rencontre ds la docum. a) Le synon. arg. débouliner (cf. supra A 1, 2). Je débouline... Je carambole les trois étages (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 508). Des pierres de taille comme des fétus!... Ça s'écroule, ça débouline! (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 536). b) Le subst. masc. déboulement. Départ rapide. C'était pour moi un plaisir (...) de voir son déboulement [du hérisson] joyeux et gaminant sur le sable des allées (GONCOURT, Journal, 1889, p. 998).Prononc. et Orth. :[debule], (je) déboule [debul]. Ds Ac. 1932. Étymol. et Hist. 1. 1793 « partir brutalement, déguerpir » (4e lettre bougrement patriotique du véritable Père Duchesne, p. 6 ds BRUNOT t. 10, p. 210 : ,,debouler`` grand train sans trompettes); en partic. 1864 « partir à l'improviste devant un chasseur (d'un lièvre) » (ERCKMANN-CHATRIAN, Ami Fritz, p. 153 : elle roulait comme un lièvre qui déboule dans les broussailles); av. 1870 au déboulé (E. Blaze ds Lar. 19e); 2. 1821, juin « faire irruption, arriver précipitamment » (BALZAC, Corresp., t. 1, p. 103 : Le ventre de Louise est fièrement gros et la somme produite par le « ego conjugo vos » ne tardera pas à debouler); 3. 1848 « tomber en roulant de haut en bas (d'une pierre) » deboulait en ricochant (FLAUBERT, Champs et grèves, p. 250). De bouler; préf. dé-. Fréq. abs. littér. :40.débouler [debule] v. intr.ÉTYM. 1793, → cit. 1; de 2. dé-, et bouler.❖♦ Sujet n. animé : personnes, animaux; ou véhicules…1 Fam. et vx. Partir sur le champ. ⇒ Déguerpir.1 (Le magistrat de Worms) assure avoir notifié à M. Condé et compagnie de débouler grand train sans trompettes.A. F. Lemaire, Lettres bougrement patriotiques du véritable père Duchesne, 272e lettre (1793).2 Fam. Tomber de haut en bas et rouler comme une boule. ⇒ Débarouler; dégringoler. || Le chien déboula de la colline.♦ Choses :2 Les ordures déboulèrent de la boîte métallique et churent en trombe dans la poubelle, coquilles d'œufs, trognons, papiers graisseux, épluchures.R. Queneau, Loin de Rueil, p. 9.♦ Par ext. Descendre précipitamment. || Débouler du premier étage. — Trans. || Débouler l'escalier. — Par métaphore. || Débouler sur (qqn), se précipiter sur. Fig. et fam. || Ça déboule ! : ça va vite. — Absolt. Arriver précipitamment. || « Les Parisiens débouleront par milliers (à Reims) » (Actuel, déc. 1974, p. 55).3 Chasse. Fuir précipitamment après avoir surgi à l'improviste.♦ ☑ Subst. (loc. adv.). Au débouler : à la sortie du gîte, du terrier. || Tuer un lapin au débouler. — On écrit aussi au déboulé; → ci-dessous.4 Fam. (Cf. dial. débouler « sortir de terre, percer »). Commencer à changer, à s'épanouir (en parlant d'une jeune fille). → Partir.3 Marie, au physique, a été une petite fille assez quelconque (…) À dix ans, elle était maigre comme un chat; à dix-sept, elle n'avait pas encore, comme on dit, déboulé.J. Dutourd, Pluche, VII, p. 68.5 Sports. Aller à très vive allure (dans une épreuve de vitesse, un sprint final, une attaque).——————déboulé, ée p. p. et nom.——————II N.1 N. m. (Chasse). || Le déboulé d'un lapin. || Tirer un lièvre au déboulé, au débouler, quand il déboule (→ ci-dessus, 3.).2 N. m. Danse. Mouvement tournant, par une série de pivotements sur les pointes ou les demi-pointes.3 N. m. Sports. Course, charge rapide et puissante. — (1872, in Petiot; hippisme). Épreuve de courte distance, où la vitesse compte dès le départ.4 N. f. Chute de qqch. qui s'effondre en roulant.4 Le feu de bois. Toute cette fête, toute cette vie. Puis cette agonie, puis cette mort, cette déboulée des bûches.J. Renard, Journal, 30 sept. 1897.REM. On trouve chez Céline un composé débouliner formé sur débouler et dégouliner.5 Ils attendent l'heure de la marée que ça resiffle aux Wharfs Poplar, que le barouf reprenne, détonne, que les bennes culbutent (…) alors c'est la trombe sur les soutes ! et ça débouline de partout ! (…)Céline, Guignol's band, p. 53, 1951.❖DÉR. Débouleur.
Encyclopédie Universelle. 2012.